Saint-Georges

Saint-Georges, Manitoba

Saint-Georges - Photo de Pauline Bourgeois

Saint-Georges est un village franco-manitobain situé sur la rive ouest de la rivière Winnipeg, à environ 125 kilomètres au nord de Winnipeg. La paroisse de Saint-Georges de Châteauguay a été fondée par des missionnaires oblats, qui, à la fin du 19e siècle, voulaient établir des familles canadiennes-françaises le long de ce cours d’eau où se trouvait déjà la mission autochtone de Fort-Alexandre. Aujourd’hui, on retrouve un groupement de villages sur les limites des terres de la paroisse d’autrefois, dont Pine Falls, Powerview, et Silver Falls. Le premier a été établi en 1926 pour loger les familles de travailleurs de la nouvelle industrie de pâtes et papier de la Manitoba Paper Company. Les deux autres centres sont nés lors de la construction des centrales électriques de la rivière Winnipeg.

Le site de la future paroisse de Saint-Georges est choisi en 1879 par le père Joachim Allard, o.m.i. qui dessert la mission de la réserve autochtone de Fort-Alexandre avec le père Joseph-Alfred Dupont, o.m.i. Les deux Oblats invitent des membres de trois familles canadiennes-françaises, originaires des paroisses de Sainte-Martine et de Saint-Urbain dans le comté de Châteauguay, au Québec, à former le début d’une colonie. Il s’agit des familles de Louis Vincent et de Georges Chèvrefils, ainsi qu’Ephrem Dupont et son frère Omer, qui arrivent au début des années 1880 et prennent des terres au sud-est de la réserve.

Une quinzaine d’autres familles arrivent dans la région au cours des vingt prochaines années. À cette époque, « la colonie canadienne » est desservie par les Oblats de Fort-Alexandre. En 1903, la nouvelle paroisse, baptisée Saint-Georges de Châteauguay, est érigée canoniquement. Le nom « Georges », choisi par Mgr Taché, commémore l’aîné des premiers colons et le premier enfant né dans la mission, et « Châteauguay », le lieu d’origine des familles pionnières. Le premier bureau de postes est ouvert la même année. Un traversier, construit par Ephrem Dupont, assure le transport de personnes, de bétail et de biens d’un côté à l’autre de la rivière Winnipeg.

Le premier curé, Charles Poirier, enseigne aux enfants dans sa maison-chapelle convertie en école. Vers 1906, le premier arrondissement scolaire, celui de l’école Allard, est organisé. En 1927, quatre religieuses de l’Institut Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe arrivent à Saint-Georges pour prendre en charge l’éducation des jeunes à la nouvelle école Allard.

Elles s’installent dans le couvent bâti l’année précédente grâce à la générosité des paroissiens et les commissaires de l’arrondissement scolaire. Les Sœurs y demeurent pendant plus de cinquante ans, jusqu’à la fermeture de l’école en 1979.

La vie n’est pas facile pour les premiers colons, surtout en raison de l’isolement. Au début du 20e siècle, toute communication avec le monde extérieur se fait à pied, sur de petits sentiers battus à travers la forêt, en canot sur la rivière Winnipeg, ou en traîneau tiré par des chiens en hiver. La rivière demeure le moyen principal de transport pour les humains, le matériel et le courrier jusqu’à l’arrivée de la ligne du chemin de fer du Canadian National Railways à Pine Falls en 1925 pour desservir l’usine de pâtes et de papier. Des chemins en rondins sont construits dans le district dans les années 1930. Vers 1940, les services sont améliorés avec la construction de chemins de gravier, et l’arrivée de l’électricité et de l’eau courante.

Saint-Georges grandit peu à peu. Vingt années après la fondation de la paroisse, celle-ci compte 45 familles, toutes de langue française. Dans les années 40, on compte environ 80 demeures. L’économie agricole repose sur la culture mixte et les troupeaux laitiers. Une fromagerie est mise sur pied en 1924 et transformée en laiterie coopérative sept années plus tard. Au cours des années 1920 à 1940, la culture des pois est une importante source de revenue, et encore aujourd’hui on peut se procurer au musée local des « p’tits pois de Saint-Georges ». Une grande partie de la population locale est employée par la compagnie Abitibi-Price dans son usine de pâtes et de papier à Pine Falls.

La construction d’un barrage à la Chute des Pins (Pine Falls) en 1949, en prévision de la centrale de Manitoba Hydro, a pour effet d’inonder une partie de Saint-Georges. Plusieurs familles doivent être évacuées et on doit déménager entre autres la laiterie, le couvent, l’école, le cimetière ainsi que quelques demeures. Les nombreuses transactions foncières et commerciales qui font suite à cet événement occasionnent un bouleversement dans la collectivité. Après les années 50, plusieurs entreprises ferment les portes et les gens de Saint-Georges doivent se rendre ailleurs pour des biens et services.

Avec les années, cependant, les institutions et organismes communautaires se multiplient – caisse populaire, foyer et club pour les aînés, club communautaire, bibliothèque, groupes de rencontre pour jeunes parents, etc. En 1994, une école de langue française gérée par la nouvelle Division scolaire franco-manitobaine ouvre ses portes à Saint-Georges, quinze ans après que les programmes de français et d’immersion aient été transférés à l’école du village voisin de Powerview. En marge du centenaire en 2003, les paroissiens de Saint-Georges mettent sur pied plusieurs projets pour commémorer leur passé et valoriser le cachet touristique de leur beau village.

Texte rédigé par l’équipe de départ responsable de la réalisation d’Au pays de Riel, début des années 2000.

Texte révisé en 2022.

Bibliographie

From the Beaches to the Falls, A Winnipeg River-Lake Winnipeg Heritage, [St. Georges, Man., Winnipeg River Historical Project, 1988].

Paroisse St. Georges Parish 2003 Community Events and Cash Calendar=Calendrier souvenir avec événements communautaires, prélèvement de fonds pour le centenaire de la paroisse.

Patrimoine des Prairies