Lorette

Lorette, Manitoba

SHSB1876 - Lorette en 1894

Situé à 26 kilomètres au sud-est de la ville de Winnipeg, le village de Lorette se trouve niché entre le chemin Dawson et la rivière Seine. À ses débuts, la petite communauté est principalement formée de descendants de voyageurs et de chasseurs arrivés au cours des années 1860. Métis pour la plupart, ces derniers vivent du commerce de la fourrure et de la coupe du bois. Ils laissent en outre paître leurs troupeaux sur le bord de la rivière Seine. Les premiers habitants de la région, qu’on appelait alors Petite-Pointe-des-Chênes, profitent aussi de la construction du chemin Dawson. Ces derniers contribuent particulièrement à la construction d’un chemin en rondins sur les zones marécageuses qui caractérisent les environs de la Petite-Pointe-des-Chênes.

On mentionne le nom de Notre-Dame-de-Lorette dans les registres paroissiaux de Saint-Boniface dès 1874. Avec le temps, le nom de la mission prime sur l’ancien nom de la localité, et le village porte le nom de Lorette dès la fin du dix-neuvième siècle. Cela coïncide avec l’arrivée de plusieurs immigrants canadiens-français venus du Québec et des États-Unis entre 1868 et 1882 qui viennent s’ajouter à la population métisse déjà établie dans la région. C’est chez l’une de ces familles que le missionnaire réside et célèbre la messe. La demeure de Jean-Baptiste et de Rosalie Gauthier sert aussi de première maison d’école, de premier bureau de poste et de premier siège social du Conseil municipal Taché.

En 1877, la mission accueille son premier curé résident, l’abbé Thomas Quévillon, et la paroisse érige sa première église en 1879. La première école, du nom d’École Lorette Est, ouvre en 1880 et dessert les familles de Dufresne. L’augmentation du nombre de familles encourage aussi l’ouverture de premiers commerces dans la région. En 1884, Édouard Prince ouvre un magasin général à Lorette qui sert aussi de bureau de poste. Plusieurs nouveaux magasins, hôtels et petits restaurants emboîtent le pas et les résidents profitent ainsi des nouveaux services. L’arrivée du chemin de fer en 1898 encourage ces nouveaux commerces puisqu’il leur permet de recevoir des produits de la grande ville. En échange, les agriculteurs y envoient régulièrement leur lait, leur crème et leur grain grâce à la locomotive à vapeur du Canadian Northern.

Comme la population augmente rapidement, les écoles Lorette Ouest et Saint-Cuthbert sont inaugurées officiellement le 11 mars 1899 et viennent contribuer aux efforts de l’école du village et de l’école Lorette Est pour l’éducation des enfants. Mais le prêtre de la paroisse, l’abbé Joseph Dufresne, décide qu’il faut des religieuses au village pour assurer une éducation plus stable et catholique. Il invite donc les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe à venir ouvrir une mission à Lorette. Ces dernières arrivent à Lorette en 1901 et y ouvrent une école-pensionnat. C’est cette même année que la Municipalité de Taché, à la recommandation du Dr Paul Royal, ouvre un premier hôpital à Lorette pour soigner les patients atteints de la variole.

En 1927, un groupe d’immigrants italiens établis à Lorette décident d’ouvrir une fromagerie qui produirait du fromage italien. Par contre, l’entreprise est de courte durée puisqu’elle prend fin quelques années plus tard lorsqu’un incendie détruit l’édifice. La majorité des résidents de Lorette vivent principalement d’agriculture et d’élevage. On y fait surtout l’élevage de vaches et de chevaux et la culture de blé, d’avoine, d’orge et de betteraves à sucre. On compte en outre plusieurs apiculteurs à Lorette.

C’est au cours des années 1930, malgré la Grande Dépression, qu’on voit apparaître les premiers sports organisés, tout d’abord financés par Georges Roy. On voit donc apparaître plusieurs équipes de baseball, de hockey et de tennis. Il existe aussi un salon de boxe dans la salle municipale et un salon de billard. C’est aussi au cours des années 1940 qu’on organise les premiers piques-niques annuels accompagnés de tournois de baseball.

Bien que de nombreux jeunes résidents de Lorette quittent le village pour se battre en Europe durant la Deuxième Guerre mondiale, la petite communauté reçoit aussi de nouveaux habitants. Effectivement, parce que le Japon était alors un pays ennemi, les familles japonaises de la Colombie Britannique avaient été dispersées dans l’Ouest canadien. Huit familles japonaises arrivent à Lorette où elles sont placées dans de petites cabanes de bois. En attendant la fin de la guerre, on les met au travail dans les champs de betteraves à sucre ou autres récoltes. Ces familles sont toutes retournées en Colombie Britannique à la fin de la guerre.

En 1959, les Sœurs Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe ouvrent un nouveau couvent plus grand, pouvant accueillir un plus grand nombre d’élèves. Par contre, la création de grandes divisions scolaires et l’arrivée du transport scolaire élimine le besoin d’une école pensionnat pour les enfants qui habitent loin du village. C’est donc en 1959 qu’on ouvre l’Institut collégial de Lorette. Bien que les religieuses y occupent une place importante au départ, les laïcs prennent tranquillement en main l’éducation des enfants de Lorette. En 1966, la création du district scolaire consolidé des écoles élémentaires de Lorette oblige la construction de l’École Lagimodière qui reste une école bilingue jusqu’en 1981. Cette dernière devient alors française tandis que la Dawson Trail School accueille les élèves de l’école anglaise et d’immersion.

En 1992, les religieuses sont trop peu nombreuses et ferment le couvent. En 1996, pour la somme symbolique d’un dollar, elles vendent l’édifice à la Division scolaire franco-manitobaine qui y installe ses locaux. En 1997, la Caisse populaire de Lorette, qui avait été fondée en 1937, se fusionne avec la Caisse Lavérendrye qui regroupe plusieurs caisses de la région.

Aujourd’hui, Lorette connaît un des taux de croissance démographique et commercial les plus rapides de toute la province grâce, en très grande partie, à sa proximité à la ville de Winnipeg. Lorette est devenu un village dortoir qui accueille les gens qui travaillent à la ville, mais préfèrent habiter en campagne. En 2007, Lorette est la plus importante communauté de la Municipalité rurale de Taché et sa population dépasse les 2 000 résidents.

Texte rédigé par l’équipe de départ responsable de la réalisation d’Au pays de Riel, début des années 2000.

Texte révisé en 2022.

Bibliographie

50e anniversaire de la Caisse populaire de Lorette, 1988.

Le Comité du livre historique de Lorette. Paroisse Notre-Dame de Lorette Parish : The History of Lorette, Manitoba 1875-2000, Tartan Graphics, Sanford, 2000

St-Amant, J.-Clovis. Histoire de Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Boniface, 1951.

St-Pierre, Lucille. Les Marcoux manitobains, Tartan Graphics, Sanford, 1991

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