Le rôle des femmes en temps de guerre

En temps de guerre, les hommes, enrôlés dans les armées, laissent leurs emplois et leurs responsabilités. Ce sont les femmes qui, pour remplir la demande d’ouvrières, et pour subvenir à leurs besoins, relèvent les défis qui leur sont laissés.
La première guerre mondiale
Pendant la première guerre, certaines Canadiennes ont choisi de contribuer à l’effort militaire. Quelques 3 100 femmes ont servi comme infirmières dans les forces armées.
Pour les femmes restées au pays, l’absence des hommes partis se battre, ainsi que l’industrie de munitions qui se développait, augmentait la demande pour des ouvriers. Elles trouvèrent des emplois dans l’industrie, dans le commerce et l’agriculture. En 1917, plus de 30 000 femmes travaillaient dans l’industrie de munitions (1). En même temps, elles se sont affirmées dans la société. Le 28 janvier 1916, les femmes du Manitoba obtinrent le droit de vote provincial. Elles durent attendre jusqu’en 1918 pour obtenir ce même droit au niveau fédéral.
En 1917, par la Loi des élections en temps de guerre, le gouvernement de Borden, craignant de perdre l’élection à cause de l’opposition à la conscription, octroi le droit de vote aux femmes membres des forces armées et aux parentes de soldats, tout en l’enlevant au citoyens naturalisés après 1902 (2). Ce ne sera qu’en mai 1918 que les femmes âgées de 21 ans ou plus obtiennent le droit de vote.
A la fin de la guerre, la fermeture des usines de munitions et la démobilisation contribuèrent à baisser la demande pour la main d’œuvre. Le taux de chômage augmenta, et la plupart des femmes reprirent alors leur place au foyer, laissant le travail aux hommes. Mais elles avaient eu un aperçu qu’elles pouvaient jouer un plus grand rôle dans la société.
La deuxième guerre mondiale
Fortes de leur expérience durant la première guerre, les femmes se réaffirmèrent au courant de la deuxième. Encore une fois, certaines choisirent de servir dans les forces armées. En plus d’être infirmières, elles purent s’enrôler dans les corps d’auxiliaires féminins de l’armée et de l’aviation, créés en 1941, ou dans le corps auxiliaire féminin de la marine, créé en 1942. Environ 22 000 femmes servirent dans l’armée, 17 000 dans l’aviation et 6 800 dans la marine (3). La plupart de ces femmes occupaient des postes administratifs, laissant ainsi plus d’hommes pour le combat.
Beaucoup de femmes trouvèrent des emplois dans les industries. En 1944, plus d’un million de femmes travaillaient dans tous les secteurs, à temps plein, sans compter celles qui travaillaient en agriculture (4). En l’absence des hommes, les femmes étaient aussi considérées comme les chefs des foyers, et devaient prendre des décisions et des responsabilités jusqu’alors attribuées aux hommes. A la fin de la guerre, bon nombre de femmes retrouvèrent leur foyer, mais le travail qu’elles avaient accompli éleva leur estime de soi et leur indépendance plus grande les encouragèrent à s’affirmer dans le monde économique.
Les femmes donnèrent aussi de leur temps et de leurs énergies bénévolement. Beaucoup de femmes servirent comme bénévoles pour apporter leur aide aux soldats. En 1943, la Croix Rouge comptait 4 300 femmes bénévoles dans ses rangs. Certaines s’occupaient de transports, d’administration, d’alimentation, de détachements d’entrainement universitaires, d’autres étaient infirmières auxiliaires. Le YMCA comptait 6 700 femmes bénévoles au Canada, à Terre-Neuve et en Grande-Bretagne qui travaillaient comme personnel dans les cantines et à l’organisation des loisirs et de l’hospitalité pour les soldats. Un Ordre-en-conseil du 31 octobre 1941 forma au sein du ministère du service national de guerre une « Division de services bénévoles féminin » afin d’encourager les organisations locales pour des œuvres de guerre et d’assistance sociale. Ces œuvres étaient des services d’hospitalité pour les membres des forces armées et pour les travailleurs de guerre, mais aussi la récupération de matériaux, l’éducation alimentaire, l’hygiène publique, la défense civile, la conservation des vêtements, les jardins de la victoire, le contrôle des prix, le rationnement, etc (5).

Secours à la France
Il y avait à St-Boniface un organisme bénévole féminin, l’Œuvre de guerre des Français des Prairies, rebaptisé l’Œuvre de secours à la France. Sous la présidence d’abord de Mme J.-A.-M. Giclais, puis de Mme Pauline Boutal, cet organisme envoyait des colis de vêtements et de tricots aux prisonniers soldats, marins et aviateurs français, et à des civils français. Appuyés par le Consulat de France, ces dons étaient envoyés dans la France occupée, puis dans France libérée. «Dès 1943, elle [Pauline Boutal] est nommée présidente de l’Oeuvre de secours à la France et, en 1946, elle reçoit une médaille du gouvernement de la France, en reconnaissance de « part prise à l’envoi de secours à la France pendant la guerre et depuis la libération »». (6)
De 1939 à 1947, une valeur de 26 000$ en vêtements et en argents fut acheminée en France par l’intermédiaire des Croix Rouges canadienne et française, dans le but unique d’aider les citoyens français éprouvés par la guerre. Ces vêtements parvenaient de donateurs du Manitoba, de la Saskatchewan, et l’Alberta, ainsi que du Nord-Ouest de l’Ontario (7).
1- Morton, Desmond et Granatstein, J.L., (1989) Marching to Armageddon: Canadians and the Great War 1914-1919, p. 82.
2- Site web de Historica Canada, article « Droit de vote aux femmes », http://encyclopediecanadienne.ca/fr/article/droit-de-vote-des-femmes/
3- Bercuson, David J. (1915) Our Finest Hour: Canada Fights the Second World War, Toronto, p. 168.
4- Bercuson, ibid., p. 170
5- Pour une liste plus complète, voir Commission d’information en temps de Guerre, no 20, 16 octobre 1944, p. 10. (SHSB Dossier 1.21)
6- Louise Duguay, Pauline Boutal Destin d’artiste 1894-1992, Éditions du blé, 2008, p.99
7- Voir S.H.S.B., Fonds L’Œuvre de secours à la France, boîtes 139-140, chemises 1-24.