École résidentielle de Camperville

La présence oblate dans la région de Camperville commence avant 1886. Durant la deuxième moitié du 19e siècle, des missionnaires Oblats desservent la région des lacs Manitoba et Winnipegosis à partir de la mission de Saint-Laurent.
Mais c’est en 1886 que des missionnaires s’établissent en permanence dans la région Rivière-aux-Épinettes (Pine Creek) et fondent la paroisse Notre-Dame des Sept-Douleurs. La population y est tout d’abord très petite. Par contre, plusieurs groupes autochtones se rassemblent assez rapidement autour de la nouvelle mission. Les Oblats encouragent en outre les Métis de Duck Bay et des colons canadiens-français à venir s’y établir.
Une école aurait été fondée vers 1890 à Camperville, puis une petite école-pensionnat en 1897 qui reçoit une dizaine d’enfants. Mais l’édifice est en mauvais état et trop petit. De plus, le Gouvernement du Canada a pour ambition d’unifier les réserves qui se trouvent dans les environs. Le père Adélard Chaumont o.m.i. et Mgr Langevin réussissent donc à convaincre le gouvernement de financer la construction d’une école résidentielle à Camperville qui servirait d’appât pour encourager le rapprochement des diverses communautés autochtones en un seul endroit.
Un édifice en pierre est construit à Camperville en 1899 et l’école devient rapidement l’œuvre principale de la mission. Elle dessert un groupe de plus en plus important de Métis et d’Anishinaabe (Ojibwe/Saulteux). L’édifice de pierre est en outre le premier édifice permanent construit au nord-ouest de Dauphin. Le Gouvernement fédéral subventionne l’édifice et donne une allocation par enfant qui fréquente l’école. Durant la première année, les Oblats arrivent à recruter 6 garçons et 10 filles. Mais on augmente rapidement ce nombre à une quarantaine d’élèves. En 1901, l’école compte 70 élèves. Dans les premiers temps, l’école sert aussi d’église jusqu’à ce qu’on en construise une toute neuve près de l’école.
Les premières religieuses qui viennent assister les Oblats dans leur mission sont les Franciscaines Missionnaires de Marie. Ces dernières s’occupent des filles, de la classe, de la cuisine, du jardin et de la laiterie. Ces religieuses restent à Camperville jusqu’en novembre 1922. Elles sont remplacées par les Sœurs Bénédictines qui avaient alors une mission à Winnipeg où elles enseignaient aux enfants catholiques d’origine polonaise. C’est avec la recommandation de Mgr Alfred-Arthur Sinnott, archevêque de Winnipeg, que les Oblats invitent les religieuses à établir une mission à Camperville.
En 1925, la mission ne peut plus financer l’école et on vend l’édifice au Département des Affaires indiennes. Par contre, les Pères Oblats de la mission résident toujours dans l’école et continuent d’y enseigner. En 1928, les Soeurs Bénédictines quittent Camperville et sont remplacées par les Missionnaires Oblates du Sacré-Cœur et de Marie-Immaculée. Ces dernières resteront à Camperville jusqu’à la fermeture de l’école.
En plus d’y enseigner les matières académiques, les enseignants religieux et laïcs enseignent plusieurs métiers aux garçons et aux filles de l’école. Les garçons, par exemple, suivent des cours de menuiserie, d’agriculture, de jardinage, de peinture et de cordonnerie. Les filles, elles, apprennent à carder, à tisser, à coudre, à faire la cuisine et à faire un budget. Elles apprennent aussi à s’occuper des jardins et des petits animaux de basse-cour.
Une journée typique pour un élève de 1939 se serait déroulée à peu près comme suit : levé à 6h00 du matin pour ensuite se rendre à la chapelle pour y entendre la messe à 6h30. Entre la fin de la messe et le déjeuner, la plupart des élèves ont des tâches ménagères à faire. Certains, par exemple, préparent les tables pour le déjeuner, d’autres nettoient les chambres des pères, tandis que les autres nettoient les dortoirs. À 7h30 les élèves et le personnel déjeunent pour ensuite aller jouer dehors jusqu’à ce que 9h00 sonne le début des classes. Les classes du matin sont généralement des cours pratiques et manuels. Après le dîner et la récréation, les leçons continuent, en commençant d’abord par une classe de catéchisme. Les plus vieux suivent alors des cours académiques pendant que les plus jeunes travaillent. Les classes se terminent à 16h00 et sont suivis d’une longue récréation avant le retour aux travaux manuels. Après le souper, il y a une autre période de jeux, puis une période d’études avant l’heure du coucher.
À partir des années 1960, le Gouvernement du Canada tente lentement d’éliminer les écoles résidentielles dans le but d’intégrer les élèves autochtones dans le système d’écoles publiques. En 1969, donc, on prend la décision de fermer l’école résidentielle de Camperville. L’édifice, qui ne sert plus à rien, est détruit en 1972.
Texte rédigé par l’équipe de départ responsable de la réalisation d’Au pays de Riel, début des années 2000.
Texte révisé en 2022.
Bibliographie
Brachet, Joseph. « Mission-école de Camperville, Man (1892) », Missions de la Congrégation des Oblats de Marie-Immaculée, (mars 1923), p. 14-18.
Flatfoot, Mary Alice. « A Day in Camperville School », The Indian Missionary Record, volume 2, numéro 7, (Septembre 1939), p. 4.