Laurier, Manitoba

Près du parc national Riding Mountain, Laurier se situe dans un endroit pittoresque encadré par les montagnes à l’Ouest. Alors que des communautés des Premières Nations habitaient dans cette région, des colons vinrent s’y établir. L’un des premiers à s’y construire une maison sur la section 12-22-16 est un certain Fosberry. C’est là aussi qu’on y trouve en 1896 le premier bureau de poste, ayant comme résultat de donner le nom de Fosberry à la localité. Le nom change à Laurier en 1897, en l’honneur de Sir Wilfrid Laurier. Assez tôt on y trouve aussi quelques familles françaises et canadiennes françaises. Les premières familles françaises arrivées en 1895 sont celles d’Octave Dutilleul et d’Ernest Béasse. Les premières familles canadiennes françaises sont celles de Patrick et Adélard Trottier. Dès 1894, la localité est desservie par la mission de Saint-Rose et en février 1894, le père Valès, oblat, disait la première messe dans la résidence des Trottier. Rapidement, un orchestre dirigé par M. Givelle est formé. Parmi les musiciens, on y trouve Patrice Trottier, Adélard Trottier et Eugène Assailly. En 1900, la paroisse de Laurier qui était connue sous le vocable de Notre-Dame-du-Bon-Pasteur change à Notre-Dame-des-Victoires et une statue représentant cette dernière est installée sur le maître-autel. Elle est retirée en 1962.
Dans un article publié dans la série Les Français dans l’Ouest canadien à La Liberté, Donatien Frémont écrit : « À quelque douze milles au sud de Sainte-Rose-du-Lac, Laurier fut aussi, au tournant du siècle, un centre dont la majorité se composait de colons venus de France. Il perdit peu à peu ce caractère pour la raison que trop de ces Français, dépourvus de toute aptitude agricole, se virent contraints de retourner dans leur pays.»
Rapidement des institutions et des commerces s’installent. Vers les années de 1900-1902, un presbytère-chapelle est construit. Le 17 août 1909 une nouvelle église, dont la construction avait commencé en 1907, est bénite. Avec la création de l’archidiocèse de Winnipeg, la paroisse de Laurier tombe sous sa juridiction. Des associations pieuses y voient le jour : la Congrégation des Dames de Sainte-Anne, les Enfants de Marie, et plus tard ce sont les Chevaliers de Colomb (1930) la Ligue du Sacré-Coeur (1940) et la Croisade (1950). L’abbé Maurice Pierquin dessert cette paroisse de 1928 à 1952.
En 1901, l’école Fosberry est construite à l’ouest de la voie ferrée. En 1902, on construit l’école Champlain qui est dirigée par trois commissaires catholiques : Télesphore Guay, Jean M. Dupré et Alfred Lapointe. Cette dernière fut détruite par les flammes en 1917. L’école de Laurier est construite en 1905, et enregistrée en février 1919. En 1917, une autre école de campagne est construite, l’école Pennarum aussi dirigée par trois commissaires catholiques : Gabriel Gobillot, Jean Louis Maguet et René Pennarum. Depuis la création de la Division scolaire franco-manitobaine, une école de langue française, Jours de plaine, assure l’enseignement en français de la maternelle à la 12e année à Laurier.
En 1899, Adélard Trottier construit un magasin général. En 1910-1912, Hamilton bâtit une quincaillerie qu’il vend plus tard à Eugène Sève. En 1917, Harper construit une boucherie et un petit magasin (dépanneur). Quelques années plus tard, la boucherie et le petit magasin passe aux mains de Victor Fradette. Un Chinois canadien, M. Lee, construit un restaurant et le vend à William Caumartin entre 1914 et 1920. McLean et George Stevenson bâtissent une mercerie vers 1910 qui est vendu plus tard à Joseph Molgat. Frémont ouvre une cordonnerie en 1910 et la vend à Thomas Plante en 1915. La Standard Bank ouvre sous la direction de Alva Vandusen et Charles Trottier lui succède après quelques années. Honorat Gamache ouvre une forge en 1915. En 1906 l’hôtel Laurier ouvre ses portes sous la direction de Ménard, qui la vend plus tard à Isaac Trottier. Le bureau de poste passe aux mains d’Adélard Trottier en 1899 puis c’est madame Marcelline Boisvert et sa fille Alexina qui en sont les responsables. Un premier élévateur à grain est en place en 1910 et Eugène Assailly en est le premier agent qui est remplacé en 1912 par Herménégilde Fradette. Un deuxième élévateur, Union Grain, est construit en 1918.
Le village continue de se développer et à la fin des années 20, l’abbé Maurice Pierquin écrit aux soeurs de la Présentation de Marie : « Laurier est une paroisse de cent familles. Le village a trente-huit foyers catholiques de langue française. Le chemin de fer CNR y est établi et les communications sont très aisées. Tout près de l’église se trouve une maison de 52 x 32 – sept chambres en bas, onze chambres au deuxième étage et un grand grenier – fournaise et citerne pour eau de pluie et cinq lots de 40 x 90. Vous pourrez prendre des pensionnaires. La bâtisse et le terrain sont évalués à 2 500$. Marcelline Boisvert en est la propriétaire.» C’est alors que les sœurs de la Présentation de Marie viennent s’installées à Laurier prenant en charge l’école où, en août 1930, 80 élèves s’inscrivent. Elles veilleront aussi à la vie culturelle des élèves animant concerts de Noël, concours de diction, festivals d’art dramatique (Le chapeau de paille d’Italie, Tantine, La carte postale). Elles animent aussi le Cercle de couture à partir de 1932, l’Amicale, le Club des jardiniers et l’enseignement de la musique.
Avec le début de la guerre, des clubs s’organisent comme la Croix-Rouge et l’Union de secours à la France qui procurait des vêtements, des remèdes et d’autres choses semblables.
En 1958, Donatien Frémont écrit : «Laurier possède aujourd’hui 115 familles catholiques jouissant presque toutes d’une honnête aisance. Français, Canadiens français, Belges sont étroitement liés par un vivant esprit paroissial.» Avec l’implantation par Ronald Delaurier en 1969 d’une manufacture d’équipement pour l’élevage (dispositifs d’alimentation, portes cornadis ou immobilisateur de tête pour animaux, groupeurs de balles) le développement économique de Laurier prend de l’ampleur. En 1976, cette entreprise est incorporée sous le nom de Laurier Welding Ltd puis, en 1980 elle prend le nom de Laurier Manufacturing Limited. L’électrification du village eu lieu en 1941.
En 1962, on construit une nouvelle église sous la direction de l’architecte Rey Sellors. Elle peut asseoir 450 personnes. En 1970, on y compte 115 familles catholiques d’origine française, canadien-française ou belge.
En 1977, la Caisse populaire de Laurier emménage dans de nouveaux locaux. Dans De la table de cuisine à la rue principale on y lit que «La Caisse populaire de Laurier était au début l’une de celle où il fallait être catholique et francophone pour être accepté comme membre. On dit même que les indésirables n’étaient pas tolérés (Il semble qu’on entende par là les ivrognes et les « mauvais catholiques »). Avant la fondation de la caisse populaire, il n’y avait pas eu d’institution financière à Laurier depuis que la Standard Bank avait fermé ses portes vers 1925.»
Parmi les activités sportives, il est à noter que le curling fut important. En 1970, un bonspiel a lieu à Laurier auquel participent des équipes venues de Sainte-Rose-du-Lac, Makinak, McCreary, Kelwood et Glenella.
Laurier a fait partie de la municipalité rurale de Sainte-Rose fondée en 1902. De 1903 à 1970, les conseillers de Laurier ont été : N. Harrison (1903), Félix Gobillot (1908), Alfred Lapointe (1912), Jean Bonin (1915), Eugène Assailly (1916) Leonard Bourdin (1918), Antoine Bourdin (1919), Romuald Gamache (1922), John Craig (1926), John Shepperd (1928), François Maguet (1936), Jean Assailly (1942), Paul Delaurier (1945), Jean Callarec (1954) et Maurice Gamache (1960 à 1970). Les frontières de cette municipalité bilingue ont été redéfinies en 2014 pour former la municipalité de Ste. Rose.
Texte rédigé par l’équipe de départ responsable de la réalisation d’Au pays de Riel, début des années 2000.
Texte révisé en 2022.
Bibliographie
Conservation Manitoba Bureau du Canada pour le millénaire, Noms géographiques du Manitoba, Winnipeg, Manitoba : Conservation Manitoba, 2002, 345p.
Donatien Frémont, Les Français dans l’Ouest canadien, Les Éditions du blé, 2002, 302 p.
Maurice Gauthier, De la table à la rue principale : 50 ans d’histoire des caisses populaire du Manitoba, Conseil de la coopération du Manitoba, 1987, 459 p.
Agnès Saquet et al. Ste. Rose du Lac History Book Committee, Reflections : a history of Ste. Amélie, Laurier, Ste.Rose du Lac, 1990, 637 p.
Archives : Collection général de la Société historique de Saint-Boniface, 1.1/137 Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface 1.1/137 : Résultat de recherche présenté par Rose Bouchard à Lionel Dorge, mars 1970, texte intitulé Laurier Ma paroisse adoptive Projet centenaire du Manitoba, 56 p.