Saint-Adolphe, Manitoba

Situé dans la vallée de la rivière Rouge, le village de Saint-Adolphe a joué un rôle significatif dans l’histoire du Manitoba français. Anciennement nommé Pointe-Coupée, les premiers habitants de ce lieu étaient des familles métisses. Les terres de cette région riveraine étaient propices au jardinage et à l’agriculture tout en offrant un accès au transport par voie de la rivière. En 1853, le Conseil d’Assiniboïa autorise la construction d’un chemin reliant la Fourche et la Pointe-Coupée. La première école est construite en 1865-66 et c’est l’institutrice métisse Catherine Lacerte qui se charge de l’enseignement.
En 1893, les premières démarches sont entreprises afin que Pointe-Coupée devienne une paroisse. L’éloignement de l’église paroissiale est un problème et une première chapelle est érigée et Pointe-Coupée qui devient dorénavant la mission de Saint-Adolphe. La même année, le conseil municipal autorise la construction du premier traversier. Jusqu’en 1896, la communauté de Saint-Adolphe est dépendante de la paroisse-mère de Saint-Norbert.
1896-1918
En 1896, la mission de Saint-Adolphe devient officiellement une paroisse et c’est l’abbé Eugène Derome qui devient le premier curé. Cette époque est aussi marquée par l’arrivée de deux ordres religieux. Les Pères de Chavagnes s’installent à Cartier en 1903 et construisent un juniorat, un monastère, une maison et une ferme. En 1906, les Filles de la Croix viennent prendre charge de l’école du village et y font construire le premier couvent. À l’époque de l’abbé Mireault (1910-1918), une nouvelle église est construite en 1913 au coût de 8 000 $ selon les plans de l’architecte Marius Cinq-Mars.
Au cours des premières années de la nouvelle paroisse trois districts scolaires y voient le jour : Saint-Adolphe no 881 en 1896 et Laramée no 972 ainsi que Dubuc no 973 en 1898.
Un recensement paroissial de 1910 indique qu’à Saint-Adolphe la population compte 75 familles, dont 35 canadiennes-françaises, 30 métisses et 10 polonaises pour un total de 450 habitants. En 1914, à la suite du transfert de Saint-Norbert à la municipalité de Fort Garry, Saint-Adolphe devient le nouveau siège de la municipalité de Ritchot et un nouvel édifice municipal y est érigé.
1918-1929
En 1922, après 19 ans, les Pères de Chavagnes quittent Saint-Adolphe. Cinq ans plus tard, le clocher de l’église paroissiale est détruit par un coup de foudre occasionnant des dommages se chiffrant à 1 000 $. C’est la compagnie de M. Guay qui se charge de la reconstruction. En 1927, le couvent des Filles de la Croix est agrandi afin d’y recevoir deux fois plus de pensionnaires. Selon le recensement de 1926, il y a une augmentation de fermes dans la municipalité de Ritchot et les récoltes les plus importantes sont l’avoine, le blé, l’orge et les pommes de terre. Malgré toutes les difficultés liées à l’enseignement du français suite à l’abolition en 1916 de l’enseignement dans une autre langue que l’anglais, cela n’empêche pas Simone Landry et Madeleine Brunet de l’école Dubuc de se démarquer en remportant le concours oratoire provincial en 1928 et en 1929, respectivement. Le deux se rendent à la finale nationale à Toronto et Landry se classe deuxième.
1929-1945
Malgré l’époque de la grande dépression, l’église réussit tout de même à se tirer d’affaires grâce à la dîme au coût de 10 $ par famille. En plus de cet impôt et des revenus des quêtes, l’église vendait ses bancs à 5 $ chacun. Au début des années 30, le prix du blé et du porc chute avant de se rétablir dix ans plus tard. S’ajoute aux difficultés économiques les fléaux naturels tels que la sécheresse, l’érosion et un sérieux problème de sauterelles. L’enseignement du français dans les écoles se fait difficilement et c’est en partie dû au manque des ressources. En 1939, le village est raccordé au réseau électrique provincial et reçoit dorénavant le service électrique de Manitoba Hydro. Deux ans plus tard, le mouvement coopératif voit le jour et la première caisse populaire ouvre ses portes à Saint-Adolphe. L’accès au village de la ville de Winnipeg s’améliore avec l’ajout d’un service d’autobus direct à l’aide de Beaver Bus Lines qui passe à quelques reprises chaque jour.
1945-1975
En 1946, la paroisse de Saint-Adolphe fête son 50e anniversaire de fondation et compte 96 familles pour un total de 590 personnes. Une inondation dévastatrice en 1950, la plus grande depuis 1826, mène à l’évacuation du village. Une deuxième inondation en 1966 incite la construction d’une digue autour du village complétée en 1968. La digue fait ses preuves en 1974 en protégeant le village, mais les maisons qui se trouvent à l’extérieur de son enceinte, ne sont pas épargnés. Sous la direction de l’abbé Hébert, un nouveau presbytère est construit en 1955. En 1956, c’est au tour des Filles de la Croix de célébrer le 50e anniversaire de leur arrivée. Avec l’arrivée des grandes divisions scolaires dans les années 50, les districts scolaires de Saint-Adolphe, de Laramée et de Dubuc sont dissous. L’école de Saint-Adolphe se consacre dès lors à l’éducation de niveau primaire et l’école secondaire est transférée à Saint-Norbert. En 1965, une boulangerie ouvre ses portes et dessert les habitants du village. Le traversier est enfin remplacé par un nouveau pont qui est ouvert à la circulation à partir de 1976. En 1990, le pont est renommé le pont Pierre-Delorme d’après le personnage historique métis qui était un fermier près de Pointe-Coupée avant de devenir homme d’affaire et politicien. Il a également été membre du gouvernement provisoire de 1869-70 sous Louis-Riel.
1975 – 1996
Le village de Saint-Adolphe continue de s’agrandir entre 1975 et 1996. La démographie change car la population de Winnipeg s’installe davantage en banlieue et dans les communautés dortoirs. Le résultat : de 1971 à 1991 la population de Saint-Adolphe augmente de 460 à 1226. De nouveaux bureaux municipaux voient le jour au début des années 80 et l’église nécessite des rénovations. Les travaux sont terminés en 1987, à temps pour célébrer le 75e anniversaire de l’édifice. L’industrie du porc et de la volaille se développent considérablement à cette époque ainsi que les commerces locaux. Quant à l’éducation, l’école de Saint-Adolphe adopte un programme d’immersion française et les élèves francophones doivent dorénavant se rendre à l’école primaire Saint-Norbert et l’école secondaire d’Île-des-Chênes. Dans les années 90, le comité culturel de Saint-Adolphe est mis sur pied et se charge de promouvoir la langue française et de faire valoir la culture canadienne-française. Bien que le village de Saint-Adolphe soit endigué, deux grandes inondations (1979 et 1996) causent de sérieux dommages dans la région, surtout aux maisons et terrains qui se trouvent en dehors de la digue. En 1996, la paroisse de Saint-Adolphe célèbre son centenaire et une plaque commémorative est créée en l’honneur des premiers pionniers.
Texte rédigé par l’équipe de départ responsable de la réalisation d’Au pays de Riel, début des années 2000.
Texte révisé en 2022.
Bibliographie
St-Adolphe. (1956). Cinquantenaire du couvent de Saint-Adolphe 1906 – 1956 Saint-Adolphe, Manitoba: (Saint-Adolphe, Man. : Couvent de Saint-Adolphe).
Saint-Adolphe. (1996). 100 ans de courage et de foi paroisse de Saint-Adolphe 1896 – 1996 Saint-Adolphe, Manitoba: Saint-Adolphe (Man.) : Comité du livre centenaire de la paroisse.
Rhéa Trudeau et al. (2014?). Le vieux couvent se raconte Saint-Adolphe Manitoba: s.e.