Léon Rivard

Léon Rivard

Congrès eucharistique de Montréal de 1910 - SHSB8916

Parmi les personnalités qui ont marqué l’histoire du Manitoba français, on en retrouve une qui ne se démarque pas sa curiosité et son ingéniosité. L’abbé Léon Gédéon Rivard, curé, inventeur et cinéaste amateur, est né à Saint-Robert au Québec le 19 juillet 1884. Il fait ses études classiques et théologiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe. Comme plusieurs élèves du Séminaire, Léon Rivard entend parler du Manitoba et décide que c’est là qu’il veut exercer son ministère. Dès 1909, il exprime son désir de venir travailler dans l’Ouest à Mgr Adélard Langevin. Dès sa sortie de l’école en 1911 il prend la route vers le Manitoba.

Léon Rivard est ordonné prêtre le 14 février 1911 à Saint-Boniface par Mgr Adélard Langevin. L’abbé Rivard travaille tout d’abord comme surveillant au Petit Séminaire de Saint-Boniface jusqu’en juillet 1911. Mgr Langevin le nomme ensuite vicaire à Sainte-Anne-des-Chênes où il reste jusqu’en décembre 1911 avant de devenir vicaire à Sainte-Rose-du-Lac. Il devient ensuite curé de Woodridge de 1912 à 1917. Mais c’est à Île-des-Chênes qu’il passera la plus grande partie de sa vie comme curé de la paroisse Notre-Dame-de-la-Miséricorde jusqu’en 1948.

L’abbé Rivard arrive à Île-des-Chênes en 1917 avec ses parents qui resteront avec lui jusqu’à leur mort. Il s’engage régulièrement dans les activités de sa paroisse. Il participe non seulement aux parties de cartes et aux pique-niques, mais il organise aussi plusieurs concerts et célébrations. En 1923, on lit même qu’il organise un spectacle d’images projetées à la lanterne magique pour ses paroissiens. On raconte aussi qu’il a l’habitude de distribuer ses provisions de nourriture aux plus nécessiteux de la paroisse. Il dirige en outre des promenades en bateau et des baignades pour les jeunes des environs.

Mais ce sont surtout les passe-temps du curé Rivard qui le distinguent de ses collègues. Il est, par exemple, le premier à pratiquer l’apiculture à Île-des-Chênes. Il arrive à produire assez de miel pour en vendre et se sert de la cire pour faire des chandelles. Il est aussi jardinier à ses heures et s’occupe de l’entretien de la cour et du jardin de l’église et du presbytère. Ses parterres ne consistent pas seulement de fleurs et d’arbres. Il y construit aussi un moulin, une fontaine et un poteau autour duquel tournent des avions et des cerfs-volants miniatures.

Il passe aussi de nombreuses heures à inventer et à fabriquer des appareils de tous genres. Par exemple, il installe un système électrique Delco de 32 volts pour l’éclairage de l’église et du presbytère. Il s’en sert aussi pour illuminer ses parterres de fleurs. Il a ainsi de l’électricité avant tout le reste du village puisque c’est seulement en 1945 que Manitoba Hydro établit la ligne électrique jusqu’à Île-des-Chênes. L’abbé Rivard utilise aussi des lampes au méthane, combustible qu’il prépare lui-même.

Le curé est le premier de la paroisse à avoir accès à la radio puisqu’il se fabrique une petite radio à cristal avec acoustiques. En 1946, tout le village peut entendre les premières diffusions du nouveau poste CKSB puisqu’il branche sa radio sur des haut-parleurs placés sur le toit du presbytère. Il ne s’arrête pas là. Il met aussi en place un système de chauffage par circulation d’eau chaude qui réchauffe le presbytère pendant de nombreuses années. Il se construit en outre un engin à vapeur. Il s’intéresse aussi à l’horlogerie et se fabrique de nombreuses horloges musicales. Sa motoneige Tempestas, la première des environs, lui permet de se déplacer en hiver et ne manque pas d’attirer l’attention de ses paroissiens.

Mais l’abbé Rivard est surtout connu pour son œuvre cinématographique. Inspiré par les films d’actualité et les « westerns » de l’époque, il invente ses propres lentilles 16 mm dont il se sert pour filmer les activités de la paroisse et ses inventions. Il organise ensuite des soirées pendant lesquelles il présente ses films d’une vingtaine de minutes à ses paroissiens. L’abbé Rivard devient ainsi l’un des premiers cinéastes du Manitoba.

Après avoir passé une trentaine d’années à Île-des-Chênes, l’abbé Rivard se retire à Saint-Adolphe où il est aumônier du couvent des Filles de la Croix. Il n’en reste pas inactif pour autant. En 1954, l’abbé Rivard et une équipe de jeunes figurants présentent aux paroissiens de Saint-Adolphe une vision scientifique romancée d’un voyage à la lune sur ruban sonore magnétique.

Il consacre aussi beaucoup de son temps à l’astronomie. Il construit « l’observatoire Saint-André » à l’échelle exacte de l’observatoire de Vancouver. Il y installe un télescope assez puissant pour pouvoir observer les astres situés à 40 000 000 années-lumière. Il s’occupe aussi des parterres des Filles de la Croix où il installe une nouvelle fontaine illuminée. L’abbé Rivard reste dix ans à Saint-Adolphe. En 1959 il devient un résident de l’Hospice Taché ou il meurt le 17 décembre 1959.

Bibliographie

ANONYME. À l’ombre des chênes : Souvenirs historiques d’Îles-des-Chênes et Grande-Pointe, Comité de recherche historique d’Île-des-Chênes et Grande-Pointe, 1980.

ANONYME. 100 ans de courage et de foi : Paroisse de Saint-Adolphe 1896-1996, Saint-Adolphe, Comité du livre du centenaire de la paroisse de Saint-Adolphe, 1996.

BEAUDRY, Marthe. Saint-Hyacinthe et le Manitoba à la fin du XIXe siècle, Saint-Hyacinthe, par l’auteur, 1989.

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