La vie de Louis Riel a inspiré des études savantes, des œuvres littéraires et artistiques, des expositions, des romans, de la poésie, des pièces de théâtre, des films et documentaires, des chansons, des opéras, etc. Des monuments, statues, noms d’édifices et d’organismes le commémorent un peu partout au Canada mais plus particulièrement dans sa province natale du Manitoba. D’ailleurs, le nom choisi pour ce site Internet, Au pays de Riel, témoigne non seulement de la célébrité du personnage mais également de l’importance de son rôle dans l’évolution sociale et politique de la population d’expression française de la province.
Ce module pourrait être intitulé « Louis Riel – perspectives et représentations ». Les documents présentés ne cherchent pas à raconter la vie de Riel ni à décrire les deux événements marquants de l’histoire du Nord-Ouest dont il est l’auteur. Ils tentent plutôt de refléter un large éventail des interprétations de l’homme et des gestes qu’il a posés. L’image que l’on a dressée du chef des Métis a beaucoup évolué depuis sa pendaison à Regina en 1885. On l’a appelé traître, rebelle, martyr, héro, libérateur, intellectuel, homme torturé, bête noire, pion des hommes politiques, et bien d’autres encore.
Dans les collections de la Société historique de Saint-Boniface, on retrouve plusieurs témoignages de ces différentes facettes du personnage de Louis Riel. Il y a des textes remontant aux années 1870, dont un écrit par Riel lui-même, qui donne sa perspective sur les événements de l’époque, et un deuxième texte, celui de l’abbé Noël-Joseph Ritchot, curé de Saint-Norbert et conseiller du chef des Métis. Des lettres écrites par divers membres du clergé catholique du Nord-Ouest quinze ans plus tard condamnent les actions de l’« hérétique » Riel.
La presse populaire de l’Ontario et du Québec suit de près les événements à la Rivière-Rouge en 1869-70, ainsi que le drame qui se déroule dans le Nord-Ouest en 1885 et le procès de Riel qui en découle. L’image de Riel dépeint dans les articles et les caricatures de ces journaux traduit à la fois leurs allégeances politiques et leurs affiliations nationale et religieuse.
En ce qui a trait aux hommes de lettres canadiens, ils sont, pendant de nombreuses années, divisés en deux camps opposés. Les uns voient le chef métis comme nationaliste et martyr, les autres comme rebelle et traître. Pour la majorité des Canadiens, cependant, une fois la polémique entourant la pendaison du chef des Métis passée, Riel est vite oublié. Pendant 50 ans, le nom de Riel n’est guère évoqué en dehors des foyers de nombreuses familles métisses où le souvenir du grand défenseur de leurs droits demeure ardent. Notons cependant qu’à Saint-Boniface, l’on marque avec fierté le centenaire de sa naissance en 1944.
Après la Deuxième Guerre mondiale, il y a un renouveau d’intérêt pour l’homme et son époque. De nouvelles perspectives sur Riel découlent des recherches de A.S. Morton, de Georges Stanley et de Marcel Giraud, entre autres. Ces ouvrages permettent de voir d’un nouvel oeil le rôle de Riel comme bâtisseur de l’Ouest canadien et comme fondateur du Manitoba.
Le héro tragique devient source d’inspiration pour les œuvres de tous genres alors que des artistes, sculpteurs, écrivains et dramaturges cherchent à interpréter ses gestes et la complexité de son esprit. Puis en 1985, cent ans après la mort de celui que l’on reconnaît comme le père du Manitoba, les projets de commémoration foisonnent. À Saint-Boniface, on met sur pied un comité pour coordonner toutes les activités de l’année centenaire du décès de Louis Riel dans les collectivités francophones, dont un colloque, une exposition, un spectacle folklorique, un projet de statue, et un calendrier commémoratif.
À la fin du XXe début XXIe siècle, les débats se prolongent à la Chambre des communes à Ottawa alors que l'on cherche un pardon posthume pour la « trahison » dont Riel a été trouvé coupable en 1885, le nom du chef Métis demeure plus populaire que jamais. En 2016, une troupe de théâtre montréalaise met en scène, au Théâtre La Chapelle, une pièce bilingue et bidimensionnelle sur la vie du chef métis. La pièce du marionnettiste, dramaturge et co-directeur, Zach Fraser, est adaptée du texte et des images de la bande dessinée acclamée « Louis Riel, a comic-strip biography » de Chester Brown, publiée en 2003.
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